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Petrus

Un domaine de 11,3 hectares qui donne naissance au Pomerol le plus convoité de la planète.

Le domaine qui nous intéresse aujourd’hui est situé en plein cœur du vignoble du Libournais, une subdivision du vignoble Bordelais. Plus précisément, nous vous emmenons sur la commune de Pomerol, dont le terroir donne exclusivement naissance à des vins rouges.

Bien que l’appellation Pomerol n’ait jamais eu de classement officiel, elle est extrêmement réputée à travers le monde, notamment pour ses crus les plus fameux. Parmi eux : Petrus !

Retour sur l’histoire de ce domaine, pas si ancienne qu’elle n’y parait. En effet, le nom, Petrus, semble tout droit provenir de l’époque romaine et pourtant le mythe Petrus est relativement récent. D’ailleurs, aucune source officielle ne permet d’attester l’origine du nom. Dès lors, plusieurs théories s’affrontent. Référence au lieu-dit sur lequel est implanté le domaine ou hommage à Saint Pierre (Petrus en latin), dit «Prince des Apôtres», nul n’est capable de l’affirmer.

Quoi qu’il en soit, si on observe l’étiquette d’une bouteille de Petrus, on y aperçoit un saint tenant deux clés comme les représentations faites de Saint Pierre. Ces deux clés, l'une en or, céleste, l'autre en argent, terrestre, représentent les clés qui mènent au paradis. On retrouve également ces deux clés sur le dessus de la capsule des bouteilles de Petrus.

Tout commence en 1770 avec la famille Arnaud, alors propriétaire du domaine. Ce dernier ne compte d’ailleurs à l’époque à peine 7 hectares. Les crus alors produits sont connus sous le nom de «Petrus-Arnaud» et généralement décrits comme modeste en termes de qualité. Il aura fallu attendre 1925 pour qu’apparaissent les prémices du mythe Petrus. En effet, c’est à cette date que Madame Loubat, hôtelière à Libourne, se porte acquéreur d’une partie du domaine. Entre temps, au début du XXe siècle, le domaine sera passé entre les mains de Monsieur Sabin-Douarre, ancien régisseur, qui crée alors la «Société Civile du Château Petrus».

Madame Loubat, Marie Louise de son prénom, était convaincue de la qualité de ce terroir. Dès lors elle œuvre pour en tirer le meilleur parti. Déjà à cette époque elle chamboula la production en réduisant au minimum les rendements de la vigne et en mettant en place le tri manuel de chaque raisin. Ses efforts porteront leurs fruits dès le lendemain de la guerre, en 1945, avec un premier millésime d’anthologie. C’est d’ailleurs à cette date que Madame Loubat acquit la totalité du domaine.

On pourra alors lire, sur le bas de l’étiquette, «Mme Edmond Loubat - Propriétaire à Pomerol». À cette époque, les femmes portaient le nom et le prénom de leur époux, ce qui aura prêté à confusion quant au prénom de Madame Loubat, certains articles parlant «d’Edmonde Loubat».

Entre temps, en 1940, le nom du domaine a été raccourci, passant ainsi de «Château Pétrus» à «Petrus», sans accent. D’ailleurs, aucun château n’a jamais été érigé ou rattaché au domaine de Petrus.

En 1947 Madame Loubat, s’associe à Jean-Pierre Moueix, un négociant en vins libournais et lui confie alors les droits exclusifs de commercialisation. Tous les deux vont parcourir le monde pour faire reconnaître le Petrus et ainsi bâtir la réputation du domaine. Parmi leurs coups de maître, elle, réussira à placer son vin sur les tables du mariage de la future reine Élisabeth II, qui l’invitera ensuite à son couronnement ; et lui fera du Petrus le vin favori de la famille Kennedy.

L’implication de Jean-Pierre Moueix dans le domaine ne cessera de croître. D'abord en charge de la commercialisation, il s’investira également dans la gestion du vignoble et dans la vinification, jusqu'à la disparition de Marie Louise en 1961. Sans descendance, le domaine sera confié à part égale à ses neveux et nièces, Jean-Louis Robert Lignac et Lily Lacoste. Ces derniers revendront successivement leur part respective du domaine à Jean-Pierre Moueix, lui permettant ainsi de devenir le seul propriétaire en 1969.

Cette même année, le vignoble du domaine Petrus sera agrandi de 5 hectares grâce à l’acquisition de parcelles de la famille de Baillencourt, propriétaire du Château Gazin. Le domaine Petrus compte alors 11,3 hectares.

L’acquisition du domaine Petrus dans sa totalité constitua véritablement le point culminant de la carrière de Jean-Pierre Moueix. À sa disparition, en 2003, ce corrézien d’origine a laissé derrière lui un véritable empire du vin que gèrent aujourd’hui ses deux fils, Christian et Jean-François dans une parfaite entente. En septembre 2018, ces derniers ont à leur tour décidé de s’associer à Alejandro Santo Domingo, héritier d'une famille ayant fait fortune dans la bière, dans le but de soutenir le développement du domaine.

Malgré l’absence de site internet, Petrus maîtrise totalement son marketing et sa communication en cultivant son propre mystère. Hors du temps et ne suivant aucune mode, Petrus est aujourd’hui l’un des vins les plus convoité de la planète, ce qui contribue à entretenir la légende.

Au-delà des convoitises et de la médiatisation, ce qui fait avant tout la grande force du domaine est son emplacement privilégié et la composition de son sol. Situé sur le point culminant d'un plateau, ce terroir exceptionnel est composé d’un type d’argile unique, appelé «montmorillonite», datant de plus de 40 millions d’années et n’existant nulle part ailleurs. Moins perméable, il permet de retenir un volume d’eau plus important et d’assurer à la vigne une rétribution régulière de l’eau même durant les épisodes de chaleur les plus intenses.

Le vignoble, uniquement planté en merlot, fait l’objet des soins les plus attentifs. Avec une vigne âgée de plus de 40 ans choyée comme un trésor, Petrus perpétue les conditions pour produire années après années des millésimes toujours plus exceptionnels.

La production de ces chefs d’œuvre, qui est d’en moyenne 30'000 bouteilles par année, est confiée à Jean-Claude Berrouet, œnologue en charge des vinifications des propriétés Moueix depuis 1964, secondé par son fils, Olivier, depuis le millésime 2008.

Les raisins sont vendangés à la main et vinifiés dans des cuves en ciment. Le vin est ensuite élevé entre 12 et 16 mois en fûts de chêne, avant la mise en bouteille.

La qualité étant une véritable obsession, certaines années n’ont pas donné de millésime à Petrus. A contrario, parmi les plus grands millésimes du domaine, nous pouvons citer les 1982, 1989, 1990, 1995, 2001, 2005, 2006 et bien sûr 2010, que nous présentons aujourd’hui…dégustation : «Le nez discret au début, dévoile des notes délicates d’épices. Après aération, viennent ensuite les fruits noirs, une véritable explosion. Le terroir se révèle, terre humide, graphite et un tourbillon de fleurs.

En bouche une harmonie rarement égalée, de fruits et d’épices, soutenue par un boisé d’une finesse exemplaire, du velours, jusqu’à une finale d’orfèvre, sur des tanins au caractère soyeux.

Un vin d’exception, qui tire sa profondeur de son terroir d’argiles noires, l’équilibre parfait, juste sublime.» Christophe Montaud - Chef Sommelier de la Maison Grauer.

PETRUS - Pomerol - Millésime 2010 - Bouteille de 75 cl

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01/06/2021