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Distillerie Port Ellen

Port Ellen, une distillerie disparue mais pas oubliée.

Largement reconnu pour ses falaises majestueuses, sa faune impressionnante mais sutout sa production de whisky, la charmante île d’Islay est un véritable paradis pour les amateurs de Scotch. Depuis sa disparition, la distillerie Port Ellen, qui était autrefois l'une des plus discrètes de la région, est devenue l'une des plus emblématiques au monde.

En 1825, Alexander Kerr Mackay a fondé Port Ellen sur la côte sud d’Islay, dans un ancien moulin à malt qui, initialement, fournissait des approvisionnements aux distilleries illégales de la péninsule d'Oa. Cependant, Alexander fit faillite seulement quelques mois après l’ouverture de la distillerie et son contrôle passa aux mains de ses proches : John Morrison, Patrick Thomson et George MacLennan. Elle a ensuite été reprise en 1836, par John Ramsay, le cousin de Morrison, alors âgé de 21 ans.

Lorsqu’il est arrivé pour la première fois à Islay en 1833, John assurait la gestion et les investissements familiaux pour limiter au mieux l’impact lié aux difficultés de la distillerie. Reconnaissant le potentiel de Port Ellen, il a décidé de se former en tant que distillateur et s’est associé avec Walter Frederick, le «Laird» de l’île d’Islay, avant d’obtenir le contrat de location de l’atelier.

Sous la direction de John Ramsay, Port Ellen s'est imposé comme un centre d'innovation et de développement de l'industrie du whisky. Si c'est sur cette île qu'a été installé le tout premier coffre-fort pour spiritueux dans les années 1820, c'est bel et bien grâce à lui qu'il est devenu l'outil incontournable équipant aujourd'hui toutes les distilleries de malt d'Écosse. Véritable pionnier du commerce transatlantique de spiritueux, la mise en place d'un service de ferry par Ramsay entre Islay et Glasgow, avec Port Ellen comme terminal de ferry principal, facilitera le commerce et le développement de l'industrie du whisky à Islay.

Après le décès de John Ramsay en 1892, sa femme va hériter de Port Ellen et en sera la gestionnaire jusqu'à sa propre mort en 1906. Ensuite, Iain Ramsay va prendre la relève de sa mère en tant que propriétaire et gérant de Port Ellen.

Le contrepoint entre la crise du whisky Pattison, la Première Guerre Mondiale et la dépression économique va contraindre Iain à vendre la distillerie en 1920, à Port Ellen Distillery Co. Ltd, un partenariat entre les assembleurs James Buchanan et John Dewar. Ils vont eux-mêmes fusionner avec la Distillers Company Limited (DCL), lui conférant ainsi la propriété de l’entreprise.

Cependant, en raison de la prohibition et de la dépression économique ayant affecté le marché mondial du whisky, DCL a fermé et mis en sommeil Port Ellen en 1930.

Pendant les 37 années qui ont suivi, Port Ellen est restée silencieuse malgré l’utilisation continue des malteries et des entrepôts du site par son propriétaire. Face à la demande croissante de whisky tourbé, la distillerie a été relancée en 1966, par le bais d’un programme de modernisation et de reconstruction. Cette initiative a permis d'installer deux alambics supplémentaires, ce qui a doublé la production de la distillerie pour atteindre 1,7 million de litres d'alcool lors de sa réouverture en avril 1967. Malheureusement, Port Ellen sera une fois de plus mis à mal par le «Whisky Loch» des années 1980 : étant donné que les entreprises d'assemblage n'avaient besoin que d'une petite quantité de malt tourbé pour produire des mélanges de whisky, DCL a considéré que ses trois autres distilleries situées sur l'île d'Islay étaient suffisantes. Par conséquent, la distillerie de Port Ellen a été jugée superflue et a été fermée en mai 1983, suivie de la démolition de ses alambics et de ses entrepôts de stockage. Les bâtiments restants furent réaffectés à des malteries.

Néanmoins, les emplois des malteries du village de Port Ellen ont été protégés grâce à un accord appelé le Concordat des distillateurs d'Islay de 1987. Il a été conclu entre les distilleries actives d'Islay et du Jura, qui se sont engagées à acheter une partie de leur orge maltée à Port Ellen, assurant ainsi leur survie.

En 1992, la licence de distillation de Port Ellen a été révoquée, laissant penser que cette distillerie était vouée à rejoindre les nombreuses autres distilleries abandonnées en Écosse. Elle fait aujourd’hui partie des distilleries «fantômes» d'Écosse, c'est-à-dire, celles qui ont cessé leur production mais dont les whiskies sont toujours présents dans les stocks et les bouteilles restants.

Avec l'augmentation de la popularité et de la demande de whiskies tourbés et fumés dans le monde entier, la diminution des stocks de Port Ellen et sa rareté croissante en font un objet de convoitise pour les amateurs et les collectionneurs. Parmi les Scotchs d’Islay, le caractère fumé de Port Ellen combine des notes maritimes huileuses et un cœur citrique, tout en lui donnant une nature légèrement austère.

Le premier Single Malt Port Ellen a été présenté à l’occasion de la sélection Rare Malts de whiskies produits dans les distilleries silencieuses, avec l’expression d’un 20 ans d'âge en 1998, puis avec un embouteillage de 22 ans d'âge en 2000. Une année après, un embouteillage de Port Ellen à taux d'alcool brut (55,2 %) a été l'un des premiers single malts à être commercialisé dans le cadre des Special Releases annuelles de Diageo, avec une expression de Port Ellen étant ensuite présentée chaque année jusqu'en 2017.

Pour la 12e édition du whisky de la distillerie culte, c’est un Single Malt de 32 ans d’âge qui a été mis à l’honneur : le 12th Release, produit en 1979. Il délivre un parfum floral avec des notes d’abricot et de poire. La tourbe persiste en arrière-plan.

Puis en 2016, c’est l’arrivée de l’une des bouteilles phares des Diageo Special Releases : le Port Ellen Special Release 2016 de 1978, un 37 ans d’âge, qui se distingue par ses surprenants arômes de pomme acidulée, avec une forte dose d'épices, de noix de muscade et poivre blanc. La finale révèle des notes de cuir, de caramel et de cassis témoignant d’un whisky aussi bien complexe qu’équilibré. Produit en 2940 exemplaires seulement, il fait partie des plus rares et exclusifs de la distillerie.

Dans les années 2000, le Port Ellen Sherry Cask 1981 a fait son apparition sur le marché. Il est caractérisé par ses saveurs de feu de camp, de caramel brûlé, d’ananas flambé et d’herbes de Provence. Sa bouteille, à l’allure vintage, renforce le caractère exclusif de ce whisky qui a été produit en 210 bouteilles uniquement.

Le 9 octobre 2017, Diageo a dévoilé son intention d’ouvrir à nouveau les portes de la distillerie iconique de Port Ellen. Cette réouverture, prévue pour 2023, suggère que la première sortie pourrait être une expression du Single Malt 12 ans d’âge. D’ici la création d’un nouveau whisky Port Ellen, il est probable que les derniers stocks restant soient mis en bouteilles en édition limitée, ce qui marquera le début d’un nouveau chapitre dans l’histoire de la distillerie Port Ellen.

PORT ELLEN - Sherry Cask - 18 ans - 1981 - Bouteille de 70 cl
PORT ELLEN - 12th Release - 32 ans - 1979 - Bouteille de 70 cl
PORT ELLEN - Special Release 2016 - 37 ans - 1978 - Bouteille de 70 cl
PORT ELLEN - Special Release 2017 - 37 ans - 1978 - Bouteille de 70 cl

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01/05/2023